Contexte historique

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Bureau de la Culture du Reich allemand considère que les spectacles de cirque sont une source importante de divertissement, tant pour les soldats au front que pour la population civile de plus en plus touchée par la guerre. Plus précisément, depuis le milieu des années trente, le Bureau de la Culture du Reich pense que les spectacles de cirque ont un fort pouvoir en matière de propagande pour la diffusion des idées Nationales Socialistes. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne l’idée que les Allemand·e·s appartiennent à une race supérieure, ce qui est souligné à travers le concept qu’il existe un talent artistique d’une « force et d’une beauté germanique » ou, dans le domaine du dressage des animaux sauvages, dans le concept d' »audacité germanique » et de « discipline allemande ».

Pourtant, la position du régime National Socialiste à l’égard du milieu du cirque est initialement négative. Ceci est visible dans les séries de décisions qui ont affecté le monde du cirque. Par exemple, à partir de mai 1933, l’emploi de tout étranger·ère est soumis à l’obtention d’un permis de travail officiel. Aussi, le renforcement de cette législation après 1934 entraîne une réduction significative du nombre des employé·e·s de tous les grands cirques allemands. Le 14 février 1935, une nouvelle disposition impose que tous les directeurs de cirque allemands fassent la preuve de leur « origine aryenne ».

Jusqu’en 1935, l’interdiction est toujours en vigueur en ce qui concerne le port de costumes « étrangers [artfremde]”, la présence sur scène d' »hommes noirs », de « personnes d’origines mêlées » ou encore la « participation de Juif·ve·s » dans des spectacles « culturels allemands ». Les numéros avec des handicapé·e·s physiques sont également interdits bien que les personnes de petites ou grandes tailles soient toujours autorisées à faire leurs numéros. Présenté·e·s comme des « nain·e·s » ou des géant·e·s », ils·elles trouvent leur place en tant que dépositaires des mythes et contes allemands.

Les mesures administratives prises à l’encontre des gens du cirque au cours des années trente ne sont pas le seul apanage de l’Allemagne nazie. Il en est de même en France, où les petits cirques familiaux constituent une tradition de longue date et font partie intégrante de la vie culturelle en milieu rural. Pourtant, au cours des années trente, le gouvernement français prend la décision de restreindre la libre circulation des populations dites nomades et avant même que la France soit occupée par les troupes de la Wehrmacht, un décret du Ministre de l’Intérieur ordonne

l’internement de tous les groupes nomades. Les familles de nomades sont internées dans le camp de Rivesaltes à une quarantaine de kilomètres de la frontière espagnole. Ces camps sont non seulement des lieux où les populations manquent de tout au point de vue matériel, mais également en termes d’hygiène.

Paul Senn, Femmes au camp Rivesaltes, France, copie de l’album de Friedel Reiter, Archive pour l’histoire contemporaire, Zurich © Fondation Gottfried Keller, Berne.

Sources: Gurême, Raymond; Ligner, Isabelle: Interdit aux nomades. Paris 2011; Lipphardt, Anna: Spielraum des Globalen: Deutschland und der Zirkus. In: Reichardt, Ulfried (ed.): Die Vermessung der Globalisierung. Kulturwissenschaftliche Perspektiven. Heidelberg 2008. S. 168-171. Scheugl, Hans:  Show Freaks & Monster. Die Sammlung Felix Adonos. Köln 1974.

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