Rosa Bouglione (1910-2018), Dans un cirque parisien sous l’Occupation allemande

Un mariage dans la cage aux lions. Nona Rosa raconte la grande histoire du Cirque Bouglione

Née Rosalie van Been en 1910 à Ixelles (Belgique), Rosa Bouglione, vit toujours à Paris. Ses parents étaient propriétaires d’un petit cirque-ménagerie qui tournait aux Pays-Bas, en Belgique et en France. Dans le cirque familial, le numéro de Rosa consistait à danser au milieu de la cage aux lions. À 18 ans, elle s’est mariée avec Joseph Bouglione (1904-1987) qui appartenait à la troisième génération d’une famille de dompteurs propriétaires d’une ménagerie foraine. Ils la convertirent en cirque itinérant en 1924, ce qui conduisit la famille Bouglione à devenir en France la plus importante et la plus riche famille de cirque. Originellement appelée Buglione, cette famille sinti était venue du Piedmont et avait voyagé à la fin du XIXème siècle entre l’Italie et la France.

En 1926, Sampion Bouglione et ses fils Alexandre, Firmin et Sampion Junior, montèrent un « Cirque Buffalo Bill » qui prétendait être le Buffalo Bill’s Wild West américain, avec lequel ils connurent un succès considérable pendant quelques années, et qui a été à l’origine de leur fortune. En 1934, ils firent l’acquisition du légendaire Cirque d’Hiver de Paris, construit en 1852, qui est, aujourd’hui toujours, géré par la famille Bouglione.

Selon Rosa Bouglione, durant l’Occupation allemande, la compagnie était autorisée à voyager, bien que la direction du Cirque d’Hiver ait été confiée un temps à Paula Busch. Cette dernière était la propriétaire du célèbre cirque Busch de Berlin, détruit pour permettre la permettre réalisation du projet de l’architecte nazi Albert Spier, qui avait été chargé de redessiner la capitale du Troisième Reich. Ce projet, qui incluait la construction d’un nouveau Cirque Busch, n’a jamais été réalisé. Les Bouglione subirent comme tous l’Occupation allemande mais bien que Tsiganes, ils ne furent pas inquiétés en tant que tels par les Allemands : la consonance italienne de leur nom les aida sans doute à cacher leurs véritables origines. Quoi qu’il en soit, les Bouglione n’hésitèrent pas à circonvenir les ordres de la propagande allemande en autorisant Geo Sandry à présenter des pantomimes (pièces à spectacle) de cirque telles que « Robin des Bois » dans laquelle il glissait des allusions politiques, la plupart exprimées dans la bouche des clowns Alex et Zavatta. De telles actions mettaient Joseph Bouglione et ses frères en danger d’arrestation. Mais ceci n’était rien comparé au fait que les Bouglione ont cachaient aussi au Cirque d’Hiver des artistes juifs, dont la famille Pauwels. Enfin, vers la fin de l’Occupation de Paris, ils laissèrent la Résistance française cacher des armes dans le Cirque.

Dans la France d’après-guerre, Le Cirque d’Hiver continua sa longue carrière et il est toujours en activité sous la direction des petit-fils de Joseph et Rosa Bouglione. Aujourd’hui, Rosa Bouglione, dont la longue vie s’étend sur plus d’un siècle, est toujours alerte. Elle est devenue la Grande Dame du monde du cirque français.

Auteur: Ilsen About, édité par Dominique Jando

Sources: Bouglione, Firmin: Le cirque est mon royaume. Paris 1968; Bouglione, Rosa: Un mariage dans la cage aux lions. La grande saga du cirque Bouglione. Paris 2011; Gruss- Bouglione, Gipsy: Sur le fil de ma vie. Pont-Saint-Esprit 2005; Aiolfi, Marjorie; Bouglione, Louis Sampion: Le Cirque d’hiver. Paris 2002.

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